Photo : © Christophe Brochard

Atlas dynamique des Odonates de France

Nehalennia speciosa (Charpentier, 1840)

Rédacteur :
Nicolas ORLIAC pour le groupe Opie-Odonates


Dernière mise à jour le 21-07-2023 à 16h01
Fiche espèce Les Coenagrionidae
Nehalennia speciosa (Charpentier, 1840)
la Déesse précieuse

Ordre Zygoptères
Famille Coenagrionidae
Genre Nehalennia
Espèce Nehalennia speciosa
Espèce établie en France.

Référence à citer :
Orliac, N. (21 juillet 2023). Nehalennia speciosa (Charpentier, 1840), Atlas dynamique des Odonates de france, Office pour les insectes et leur environnement, https://atlas-odonates.insectes.org/odonates-de-france/nehalennia-speciosa
Statuts Source : Taxref 17.0 (10/01/2024)
Liste rouge mondiale VU : Vulnérable 2023
Liste rouge européenne NT : Quasi menacé 2023
Liste rouge nationale CR : En danger critique 2016
Plan National d'Actions en cours Aller sur le site du PNA 2020
Listes rouges régionales Selon régions
Franche-Comté 2013 En danger critique (CR)
Déterminante ZNIEFF Selon région
Bourgogne-Franche-Comté Toute la région
M. Lohr
M. Lohr
V. Baux

Densité des observations

Animer les données
Faible densité Densité moyenne Forte densité

L’espèce est extrêmement rare sur le territoire français, redécouverte en 2009 dans le Jura sur une seule et unique station après plus de 130 ans d’absence.

Nehalennia speciosa

la Déesse précieuse

Nehalennia speciosa présente une aire de distribution étendue mais fragmentée, depuis l’Europe de l’Ouest jusqu’au Japon et à la Corée du Nord pour les mentions les plus orientales. En Europe, l’espèce possède une distribution continentale qui reste très fragmentée. Elle a d’ailleurs disparu de beaucoup de localités et de pays comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg ou encore la Slovaquie.

Cette demoiselle se rencontre principalement dans les lacs, les étangs, les marais et les tourbières oligotrophes aux eaux faiblement à moyennement acides. Son macro-habitat correspond aux franges riches en hélophytes à feuilles fines de ces pièces d’eau. Espèce extrêmement sténoèce, la structure de ces milieux humides est importante dans le choix de ceux-ci. Les plus typiques sont dominés par des laîches gazonnantes (par opposition à des formation de laîches en touradons) à feuilles étroites (Carex elata, Carex lasiocarpa, Carex limosa ou encore Carex rostrata), apportant à la fois une protection suffisante aux imagos, mais permettant également leur déplacement au ras de l’eau au sein même de cette végétation. La profondeur d’eau est également un facteur déterminant, généralement située entre dix et trente centimètres (Wildermuth, 2013, SHNA-OFAB et al., 2022), où les zones de développement larvaire ne s’assèchent jamais totalement. La végétation aquatique y est généralement bien développée et le réchauffement printanier de l’eau est rapide. Ces habitats souvent localisés au sein des formations de cariçaie présentent peu de prédateurs vis-à-vis des larves ou des adultes de Nehalennia. En Europe, les habitats sont très majoritairement primaires, même si des habitats secondaires aux attributs proches peuvent être colonisés, comme c’est le cas en France et en Suisse. La ponte endophytique est réalisée dans les tiges et les feuilles pourrissantes des laîches (Wildermuth, 2013). La larve se développe durant une à deux années (ce dernier cas concerne 10 à 20% des individus (Jacquot, 2012)). L’émergence se déroule sur des hélophytes à feuilles fines, à une hauteur faible d’environ dix à vingt centimètres au-dessus de l’eau (Wildermuth, 2013). Comme évoqué précédemment, les individus se trouvent généralement au sein même de la végétation et volent près du sol, ce qui rend leur détection peu aisée, même pour l’odonatologue aguerri. Les mâles peuvent être vus patrouillant, légèrement plus en hauteur dans la végétation, lors des plus belles journées. Les femelles quant à elles restent le plus souvent camouflées dans la végétation, où leur présence peut être trahie par des ptérostigmas blanc pur relativement visibles de loin.

Données d'autochtonie de Nehalennia speciosa

L’espèce n’est connue actuellement que d’un site dans le Jura, mais n’y a pas été revue depuis 2018. Son mode de vie très discret, sa petite taille et la faiblesse relative des surfaces potentiellement occupées laissent à penser que sa présence dans d’autres stations en France est possible. Les populations suisses les plus proches se situent à une vingtaine de kilomètres de la frontière, mais les capacités de dispersion paraissent cependant limitées. L’espèce serait à rechercher dans des tourbières limnogènes qui lui sont favorables.

Données temporelles de Nehalennia speciosa

Actuellement aucune station historique ne mérite de prospections particulières. Les mentions savoyardes sont imprécises et il ne semble aujourd’hui pas que les conditions soient réunies pour voir l’espèce recoloniser des milieux en Savoie et en Haute-Savoie.

Observations de l'espèce

Une session d'observation = 1 observateur + 1 lieu + 1 date

Redécouverte en 2009, la population jurassienne est annuellement suivie. Aucun individu n’a été contacté depuis 2018.

Nombre de mailles où l'espèce est observée

La confirmation de la présence actuelle de l’espèce en France coïncide avec la découverte de la station jurassienne.

Responsabilité régionale pour la conservation de l'espèce
<5% Très diluée <10% Diluée <20% Moyenne <35% Forte <100% Capitale

Ex : 40% signifie que 40% des mailles d'observation de l'espèce se situe dans la région considérée.

La Bourgogne-Franche-Comté concentre l’ensemble des responsabilités à l’échelle nationale, la seule population française se trouvant sur son territoire. Étant donné la proximité avec les populations transfrontalières, cette région présente également une responsabilité en matière de prospection et de remise en état de sites favorables à l’espèce.

Période de vol des adultes
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D

Dans la station jurassienne, l’espèce a été observée entre fin mai et mi-juillet. Le pic d’abondance en Europe centrale se situe fin-Juin.

Altitudes min/max d'observation
Altitude min. 700m
Altitude max. 700m
80% des observations sont entre
700m et 700m

La station jurassienne se trouve à moins de 700 m d’altitude. En Europe centrale, l’espèce est présente de 400 à 700 m d’altitude (Boudot & Kalkman, 2015).

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