Photo : © Christophe Brochard

Atlas dynamique des Odonates de France

Somatochlora arctica (Zetterstedt, 1840)

Rédacteur :
Régis KRIEG-JACQUIER pour le groupe Opie-Odonates


Dernière mise à jour le 09-08-2022 à 15h40
Fiche espèce Les Corduliidae
Somatochlora arctica (Zetterstedt, 1840)
la Cordulie arctique

Ordre Anisoptères
Famille Corduliidae
Genre Somatochlora
Espèce Somatochlora arctica
Espèce établie en France.

Référence à citer :
Krieg-Jacquier, R. (13 juillet 2022). Somatochlora arctica (Zetterstedt, 1840), Atlas dynamique des Odonates de france, Office pour les insectes et leur environnement, https://atlas-odonates.insectes.org/odonates-de-france/somatochlora-arctica
Statuts Source : Taxref 17.0 (10/01/2024)
Liste rouge mondiale LC : Préoccupation mineure 2023
Liste rouge européenne LC : Préoccupation mineure 2023
Liste rouge nationale NT : Quasi menacée 2016
Plan National d'Actions en cours Aller sur le site du PNA 2020
Listes rouges régionales Selon régions
Auvergne 2017 Quasi menacée (NT)
Bourgogne 2015 En danger critique (CR)
Franche-Comté 2013 Vulnérable (VU)
Grand Est 2023 Vulnérable (VU)
Limousin 2018 Quasi menacée (NT)
Occitanie 2018 En danger (EN)
Picardie 2016 Non applicable (NA)
Provence-Alpes-Côte-d'Azur 2017 En danger critique (CR)
Déterminante ZNIEFF Selon région
Auvergne-Rhône-Alpes Toute la région
Bourgogne-Franche-Comté Toute la région
Occitanie Toute la région
Laurent Rouschmeyer
V. Marquant
O. Delzons
S. Wroza
S. Wroza

Densité des observations

Animer les données
Faible densité Densité moyenne Forte densité

L’espèce reste très rare en France. Les observations se concentrent sur les massifs montagneux. Le Jura, le Massif central et le sud des Vosges abritent des populations bien implantées, les Alpes des populations plus ou moins abondantes et ce jusque dans le nord des Alpes de Haute-Provence. Dans les Pyrénées, l’espèce est restreinte aux confins des départements de l’Aude, des Pyrénées Orientales et de l’Ariège. Dans le Nord du pays, les Ardennes et le long des frontières du nord-est au contact avec les populations de l'Allemagne et du Bénélux les observations restent très ponctuelles.

Somatochlora arctica

la Cordulie arctique

Somatochlora arctica a une vaste aire de répartition couvrant les deux tiers septentrionaux de l’écozone paléarctique, de l’Europe de l’ouest et du nord jusqu’au Kamchatka, au Japon et à la Corée du Nord. Il est également connu de quelques localités isolées au sud de son aire de répartition principale en Bulgarie, Roumanie, Asie centrale et centre du Japon (Boudot & Kalkman, 2015). En Europe, il se rencontre surtout en Fennoscandie et dans les montagnes et piémonts d’Europe centrale et occidentale. L’espèce est également présente à basse altitude comme en Belgique, contrairement à S. alpestris.

C’est une espèce que l’on rencontre sur les tourbières acides ou neutres où les larves se développent pendant deux à cinq ans sur une douzaine de stades au sein de gouilles, fosses de détourbage, dépressions inondées et suintements. Ces pièces d’eau peuvent s’assécher partiellement ou complètement pendant l’été, et geler en hiver. L’espèce est connue pour trouver refuge en profondeur (jusqu’à 30 cm) et résister ainsi à un assèchement estival. C’est ainsi une des dernières espèces d’odonates à survivre dans les tourbières proches du stade terminal. C’est une espèce discrète, dont la période d’émergence dure jusqu’à 8 semaines au printemps et en été. S. arctica est menacé par les aménagements des zones humides (drainage, boisement, transformation en retenues collinaires pour les sports d’hiver), l’évolution naturelle des tourbières, l’eutrophisation (par le bétail en particulier) et par le changement climatique au moins dans les stations les moins élevées en altitude. Le maintien ou la création de gouilles et de fosses, la gestion des ligneux et des broussailles, le comblement des drains font partie des mesures de conservation à promouvoir.

Données d'autochtonie de Somatochlora arctica

Les exuvies de l’espèce sont difficiles à repérer et doivent être bien discriminées de celles de S. alpestris dans les secteurs où les espèces cohabitent. En revanche, la période d’émergence s’étendant de mi-mai à la fin de juillet d’aout, l’autochtonie certaine devrait pouvoir être validée en recherchant les exuvies, ainsi que les individus émergents et ténéraux.

Données temporelles de Somatochlora arctica

L’espèce semble stable sur la majeure partie de son aire de distribution, les données actuelles n’apportant pas de nouvelles mailles. En revanche, des sites d’observations anciennes semblent avoir été désertés dans certains secteurs des Alpes et dans le sud du Massif central.

Observations de l'espèce

Une session d'observation = 1 observateur + 1 lieu + 1 date

Le pourcentage de mailles où l’espèce est observée a varié au cours des trente dernières années. L’augmentation récente est sans doute à attribuer au PNA en faveur des odonates et à l’essor des données naturalistes (Visionature). Celle des années 1990 - 2000 est plus difficile à interpréter mais elle peut traduire l’effet d’initiatives locales compte tenu du caractère sporadique de l’implantation de l’espèce.  La baisse de la fréquence d’observation de S. arctica dans les sessions d’observation est à mettre sur le compte de son indice de rareté.

Nombre de mailles où l'espèce est observée

L'augmentation du nombre de mailles suit globalement la progression de l'amélioration nationale de la connaissance odonatologique.

Responsabilité régionale pour la conservation de l'espèce
<5% Très diluée <10% Diluée <20% Moyenne <35% Forte <100% Capitale

Ex : 40% signifie que 40% des mailles d'observation de l'espèce se situe dans la région considérée.

La responsabilité concerne surtout les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté en continuité (Alpes, Massif central, chaine jurassienne, sud des Vosges), en raison des nombreux secteurs d’altitude. Le reste des responsabilités nationales dans la conservation de S. arctica est plus dilué.

Période de vol des adultes
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D

On peut lire un léger décalage des observations entre le Nord et le Sud, mais elles restent majoritairement sur les mois d'été.

Altitudes min/max d'observation
Altitude min. 68m
Altitude max. 2847m
80% des observations sont entre
540m et 1501m

En France, l’espèce est essentiellement présente à l’étage montagnard. L’étage collinéen abrite encore de nombreuses stations dans sa partie supérieure. Les observations de plus haute altitude, à l’étage subalpin, sont plus localisées, de plus petite taille, abritant donc des populations moins nombreuses. Mais ces secteurs sont peut-être sous-prospectées ; un programme comme CIMaE (Climatic Impact on Mountain Aquatic Ecosystems) permettra sans doute une meilleure approche de l’espèce à l’étage subalpin.

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